Mon histoire (attention, c'est long)

A l’été 2001, mon chum et moi décidons que nous sommes enfin près à fonder une famille… mais nous étions loin de nous attendre à ce que ça soit si long et à avoir tant d’épreuves!

À l’automne, mon médecin de famille me réfère en médecine interne à l’hôpital car je suis diabétique. (il n’y a pas d’endocrino à Amos, mais cette doc là est super!). Elle, elle me réfère en gynéco pour « être dans le système » le jour ou je serais enceinte, car je serai suivi en clinique GARE. Comme j’ai des cycles archi long, la gynécologue n’hésite pas à me prescrire clomid, même si ça ne fait pas plus d’un an que nous sommes en essai. Elle prescrit aussi un spermo à mon chum pour être sure que tout est beau de son côté.

Après plus d’un an de clomid et 3 spermo plus tard, avec une visite à un urologue (ma gygy ne trouvait pas beau le spermo, mais l’urologue a dit que c’était ok, qu’une fois que j’ovulerais, ça devrait marcher sans aide). En mars, à près de 60 jours de cycle, je fais enfin un test +!!! C’est la joie, ça aura pris près de 2 ans et demi! On annonce la nouvelle à tout le monde, j’appelle ma gygy qui me prescrit une écho de datation. À l’écho, la technicienne ne voit rien, ni la radiologiste et elle met même en doute mon test +… Mon médecin me dit que si mon test est +, c’est sure que je suis enceinte. La semaine d’après, j’ai mon premier rdv, ma doc me fait le PAP test et tout le kit et ça saigne un peu… malheureusement, ça n’arrête pas, et ça coule comme si j’étais menstruée. Le lendemain, je vois ma gygy, elle me represcrit une écho, et là, c’est évident, il n’y a rien et mon taux de bhcg est à 300, alors qu’il devrait être à 3000. Elle essaie de m’encourager en me disant que oui, c’est normal d’avoir de la peine, mais elle nous dit quand même félicitations, vous êtes fertile!
Une fois à la maison, j’en pleure une shot et on repart pour un tour…

suite prochain message...

Je continue clomid, et j’en suis à triple dose et mes cycles ne sont toujours pas réguliers. A l’automne, j’ai un cycle de 90 jours, malgré les médocs. Je décide de tout arrêter et je reprends rdv en gynéco. Là, on décide d’essayer le glucophage. Je passe les fêtes à avoir mal au cœur tellement la dose est forte. Mais le 2 janvier, à J42, j’ovule enfin. Le 17 janvier, pendant que mon chum est parti chez ses parents, je vais acheter un test. Je veux le faire en cachette, comme ça, s’il est encore négatif, je serai la seule à être déçue! Mais non, il sort positif!!! J’ai tellement hâte que mon chum arrive pour lui annoncer la nouvelle! On est super content!

Le lundi matin, j’appelle ma gygy. Elle me fait passer une écho de datation encore une fois, et yes, il y a un sac gestationnel! C’est un bon début! En même temps, comme je travaille avec des personnes handicapées, je demande un retrait préventif. Ma boss ne me l’accorde qu’à moitié, elle préfère me faire travailler 3 jours par semaine et me faire faire du travail de bureau pour aider la secrétaire, je fais 2 activités ou il n’y a pas de risques.

A 7 sa environ, petits saignements. Je panique un peu et appelle mon médecin. Elle me fait passer une nouvelle écho et cette fois-ci, on voit battre le petit cœur! Ouf, je suis soulagée! À 9 sa et 5 jours, on entend le cœur lors de mon rdv. À 10 sa, encore des petits saignements, on entend le cœur encore, tout est beau. Ensuite tout va bien.

À l’écho de 19 semaines, on apprend que c’est une fille!!! C’est cool, on est super content! Elle s’appellera Emmy. À l’écho ils ont vu que mon col était ouvert de 5 mm à l’intérieur, ça m’inquiète, mais quand je vois le médecin, il me rassure en me disant que ça arrive souvent et que c’est normal. On commence à penser à faire sa chambre, on achète le tissu pour son lit et les rideaux. Mais on n’est quand même pas pressé de tout faire. On a encore le temps!

Puis à la fin mai, je suis à 22 sa et 5 jours, je me lève pour aller faire pipi et y’a du sang sur le papier… j’ai peur un peu… ça allait si bien depuis quelques semaines! Je réveille mon chum et on part à la maternité.
Arrivé sur place, l’infirmière écoute le cœur, tout est beau. Elle fait venir la docteure qui est de garde. Elle examine mon col… le verdict nous tombe sur la tête : col ouvert à 5-6…  et pourtant, j’ai zéro contraction. On me met dans une chambre, sur le dos, j’ai pas le droit de bouger. Elle fait venir la gygy de garde. J’entend parler pour la première fois de cerclage. C’est risqué, mais si ça peut empêcher que j’accouche dans peu de temps, c’est la solution. Mais, comme ce n’est pas elle qui me suivait, elle préfère me faire voir par ma gygy au matin, et ça adonnait bien elle était justement en salle d’op dans la journée. Elle me réexplique le cerclage, les risques, la poche des eaux peut se rompre pendant l’intervention. Les risques d’avoir un bébé prématuré, le fait de me transférer à Ste-Justine un moment donné… ça fait beaucoup de choses à penser…
On hésite à faire le cerclage, on a peur que tout se finisse pendant que je serais endormie… y’a un médecin qui vient nous voir et il réussit à nous convaincre… Mais on dit qu’avant 25 semaines, je ne veux pas être transférée à Montréal, et on ne veut pas que le tente une réanimation quelconque sur Emmy.
A 13h00, on me transfert au bloc opératoire, on m’endort. À mon réveil, je suis toujours enceinte, mais ma gygy n’est pas fière, elle a réussi le cerclage seulement à 50%... je n’avais pas assez de col pour qu’elle puisse le coudre comme il faut. Elle est bien triste pour nous et espère fort elle aussi que j’aurai la chance de poursuivre ma grossesse plusieurs semaines encore.
Je reste donc hospitaliser, couchée. Je m’assoie un peu pour manger, sinon tout se fait au lit. Je ne me lève même pas pour aller au toilette. Je me lave à la débarbouillette, les infirmières me lavent les cheveux au lit… C’est bien difficile, mais je suis prête à le faire pour avoir ma puce. On me bourre aussi d’antibio pour éviter une infection…

Une semaine plus tard, le 1er juin, j’ai mal au dos dans la soirée. Mais je me dis qu’après une semaine d’inactivité, c’est normal de commencer à être raquée. Pendant la nuit, je demande à l’infirmière de me masser, ça fait trop mal. Je ne dors pas bien.
Je me rend compte aux p’tites heures du matin, que mon mal de dos repart et revient… ah non, des contractions!! Je suis aux 5 minutes environ… j’appelle l’infirmière, qui elle appelle le médecin de garde. Il me prescrit du Démérol, un calmant. Si c’est du faux travail ça devrait arrêter. Il est 5h30. J’arrive à dormir un peu. À 7h00 mon chum arrive, je lui dit que j’ai des contractions… il panique un peu, j’aurais besoin de lui, mais il n’est pas capable de rester avec moi… Passer 7h30, les contractions ont repris, on réessaie une nouvelle dose de calmant. Ça ne marche pas, les contractions sont aux 2 minutes, ça fait mal, j’ai mal au dos, je veux l’épidural!! Je veux pas souffrir pendant que je vais perdre mon bébé.
Comme c’est évident que je vais accoucher, on m’amène dans la salle d’examen pour enlever le cerclage et me mettre un soluté pour l’épidural. Une fois dans la salle, pendant que le médecin se prépare, l’infirmière me demande si je veux aller au toilette, car je n’ai pas fait pipi depuis minuit environ. Il est près de 10h00.
Je m’assoie sur la toilette, seule avec mon chum qui me surveille, je suis zombie pas mal à cause des calmants et précaire sur mes jambes.
Pas capable de faire pipi. J’ai une contraction, je dis à mon chum que j’ai plus envie de faire caca qu’autre chose… mais rien à faire, ça marche pas… je m’essuie… et aaaaahhh je sens la tête!! Mon chum part à la course appeler le médecin, le bébé arrive, le bébé arrive!! Tout le monde accoure, moi sur la toilette, j’ai une autre contraction et plouf, tout est sorti, mon bébé est dans la toilette, mais toujours dans sa poche, les eaux n’ont pas crevé.
On se dépêche de m’asseoir sur une chaise, le médecin sort Emmy de sa poche et la met dans mes bras. Mon chum coupe le cordon et le médecin prend de l’eau pour la baptiser, au cas ou l’aumônier n’aurait pas le temps d’arriver. J’ai vu Emmy bouger sa petite jambe et essayer de prendre une respiration… en vain… j’étais à 23 sa et 4 jours.
On se dépêche à me ramener dans ma chambre, avec mon chum et la petite. L’infirmière vient prendre des photos, pendant qu’elle est toujours en vie et l’aumônier vient la baptiser officiellement. Nous passons le reste du temps à la contempler. Malgré qu’elle soit si petite (elle pèse 640 grammes), elle est tellement belle! Nous lui donnons plein de bisous et nous restons avec elle jusqu’à la fin. Elle vivra une heure… La plus belle heure qu’on pouvait avoir avec notre fille, c’est celle-là, de l’avoir accompagner jusqu’au bout…
Petit ange, nous t’aimerons toujours…

Entre temps, le verdict est arrivé, j’ai une incompétence du col. Mon col ouvre sans que j’ai des contractions. À la prochaine grossesse, je devrai avoir un cerclage. Ma gygy m’offre les 2 options, le cerclage externe, qu’elle met une fois enceinte, vers 15 semaines, et qu’elle enlève à 36 semaines, ou le cerclage interne, qui est permanent. Mis avant la grossesse et césarienne au moment de l’accouchement.
Nous décidons d’envisager l’interne. Je vais consulter un gynécologue au Royal Victoria, il est le seul à faire ce cerclage au Québec. Après avoir passé tous les examens demandés et l’avoir rencontré. On considère qu’il y a trop de risques et on décide d’opter pour le cerclage externe.
L’aventure continue…

En mars 2005, je suis à nouveau enceinte! Cette fois-ci, sans médication et le premier mois ou nous avons repris les essais! J’appelle tout de suite ma gygy, je la vois la semaine suivante. Il y a bien un sac gestationnel, mais on ne voit pas encore le cœur, il est trop tôt. Je retourne voir sa collègue 2 semaines plus tard et là, bébé est bien là, avec un petit cœur qui bat! Nous sommes contents et on a hâte que le cerclage soit fait!
À 9 semaines environ, j’ai des petites pertes roses, j’appelle gygy, elle me fait venir le midi à son bureau pour faire un écho. Le cœur est toujours là. À 11 semaines, re-saignements, nouvel appel à ma gygy, re-écho… cette fois-ci, il n’y a plus d’activité cardiaque, la grossesse est arrêté depuis quelques semaines, probablement le lendemain de ma dernière visite… je décide que je veux un curetage, je veux pas vivre la fausse couche à la maison toute seule. Mais comme c’est archi bouqué au bloc opératoire, elle planifie le curetage pour le samedi suivant. On est lundi.
Le soir, mon chum m’amène manger au resto et on se promène en auto pour se changer les idées. Je commence à avoir mal au ventre un peu, mais sans plus. Le soir, ça saigne un peu plus, mais rien d’inquiétant.
Je me réveille, vers 11h00 je pense, je sens que ça coule. Le temps de me rendre au toilette, je laisse ma trace et ça fait un gros flouc dans la toilette. J’appelle mon chum pour qu’il nettoie. Moi je file mal, ça tourne, j’ai chaud, j’ai mal au cœur. Je met une serviette dans mon lit et retourne me coucher. Je retourne au toilette 2-3 fois et c’est le déluge à chaque fois. Mon chum appelle à l’urgence et ils nous disent d’y aller immédiatement.
On est à l’hôpital en 5 minutes, le temps d’arriver, mon pyjama et la serviette sous moi son pleine de sang. On me met sur une civière. À chaque fois que ça coule, je fais une chute de pression, je vomis, ça tourne…
À l’urgence, ils mettent une couche d’adulte sous moi, et on doit la changer aux 20 minutes environ.
Le médecin me met sur le pitossin. Je ne sens pas de contractions. Ça saigne toujours.
Il décide de me monter à la maternité, là, les infirmières pourront mieux me surveiller. Ça semblait se stabiliser un peu, alors mon chum part pour venir à la maison finir de ramasser et me ramener des vêtements.
Pendant ce temps là, ça se gâte un peu. Je resaigne encore, et je fais de méga chute de pressions. La machine n’arrive pas à la prendre et quand elle réussi, je suis à 50/30. Les infirmières ont eu peur. Elles décident donc d’appeler ma gygy pour avoir un curetage en urgence. À 5h00, je suis en salle d’op, avec les solutés ouvert au max pour faire monter ma pression et on m’endort. Au moment du curetage, ça ne saignait presque plus, puis, le déluge a repris, mon utérus ne se contractait plus. Ma gygy a essayé tous les médocs possible pour le faire contracter et l’a masser pendant une demi-heure. Elle était sur le point d’abandonner, et m’enlever l’utérus quand tout s’est remis à fonctionner… elle a eu chaud…
J’ai eu droit à 2 transfusions de sang tellement j’en avais perdu… mais, j’avais encore mon utérus et l’espoir d’avoir un jour un bébé était encore là.

Au printemps 2006, je suis bien découragée, ça fait presque un an que j’ai fait ma fausse couche et je ne suis toujours pas enceinte. Je reprend rdv avec ma gygy et je me réessaie pour reprendre du clomid. Et miracle, le 22 avril, je fais mon test +! Après un mois sous clomid!
J’ai changé de job, je suis donc en retrait préventif immédiatement et au complet.
A 6 semaines, j’ai des saignements. On file à l’urgence, mon taux de bhcg est normal. Le mardi suivant, je vois ma gygy, le petit cœur est là!! Elle ne prend pas de chance, elle me suivra à toutes les semaines pour vérifier mon col et l’état de la grossesse. À 9 semaines, nouvelle écho, bébé est toujours là et en plein forme!
Puis le 5 juin dans la nuit, je me réveille parce que je sens que ça coule. Je me dépêche à aller au toilette, et flouc encore! Ah noooooooon!!! Je réveil mon chum qui panique et on file encore une fois à l’urgence. Je veux pas avoir encore une hémorragie!
A l’urgence, c’est le même médecin que l’année d’avant et il se souvient de moi. Il me dit on va te faire une prise de sang pour vérifier ton taux de Bhcg et te mettre sur le pitossin au plus vite pour éviter la même chose que l’an passé. Entre temps, il veut vérifier mon col, il ne voit rien mais il y a tellement de sang qu’il est certain que tout est fini. À sa grande surprise, la prise de sang est toujours positive. Alors, il appelle ma gygy qui, par chance, est déjà dans l’hôpital pour un accouchement. Elle vient me voir avec sa machine à écho et à notre grand bonheur, bébé est toujours là, avec son petit cœur qui bat!!! Le verdict cette fois-ci, décollement placentaire à plus de 60%.
Elle garde à l’hôpital. Je reste couchée, mais je peux me lever pour aller au toilette et prendre ma douche.
Je resterais un mois hospitaliser, jusqu’à mon cerclage le 3 juillet. Et je suis sortie 2 jours après.
Je serai suivi encore à toutes les semaines, on vérifie mon col. Le cerclage fait bien sa job et le décollement s’est résorbé.
Ce sera aussi une fille!
Après d’autres petites peurs, être resté au repos à la maison et avoir trouvé le temps bien long, au petit matin de ma 36e semaines et 1 jours, les eaux crèvent…
Le soir même. À 18h57, nous tenons enfin Yanaëlle dans nos bras. Notre victoire tant attendue est là. Nous sommes submerger de bonheur, c’est la plus belle et nous l’aimons tant déjà!!

5 ans et demi plus tard, faut ce dire que la patience et la persévérance, c’est payant!

J’espère que vous aurez eu la patience de me lire jusqu’au bout!

Kiki, je savais que tu ne l'avais pas eu facile, mais je ne savais pas que tu avais souffert à ce point...

Ton récit est très troublant, quel courage tu as!

Vous n'avez jamais baissé les bras, et vous en êtes récompensés aujourd'hui... En espérant que Yanaëlle paerviendra à vous faire oublier toutes ces souffrances...