Aujourd'hui le 26 février, il y aura deux ans que ma vie a changé à jamais...
Après une semaine de retard de règles, j'apprenais que je portais en moi la vie, quelle belle surprise
Malheureusement, à 18sa et 4/7, des douleurs abdominales de type menstruelles et des pertes abondantes et liquides m'ont menée aux urgences
Diagnostique: Vaginose Bactérienne
Mon col est toujours long et fermé, le coeur de Roméo bat toujours très bien. Je pleure à chaudes larmes en entendant ses battements rapides, j'ai tellement peur pour lui
Nous repartons donc pour la maison mais je ne me sens qu'à moitié rassurée... J'ai tellement mal au ventre...
Arrivée à la maison, je décide de prendre un bain, autant pour calmer mes douleurs que mes émotions. Je commence alors à ressentir une grande pression sur mes reins. J'ai mal, les douleurs s'amplifient au point de devenir intolérables... Je sors du bain et je dis à Éric, habille toi, on retourne à l'hôpital. Dans la voiture, mes contractions se rapprochent, elles sont à moins de 2 minutes d'intervalle. J'ai tellement mal que je fais une chute de pression. Arrivés à l'urgence, Éric va me chercher une chaise roulante, mes jambes ne me tiennent plus. Je passe directement au triage, je n'attends pas mon tour.
L'infirmière du triage est une vraie idiote. Elle compare mon teint au jaune de mon chandail. Elle me dit qu'une vaginose peut donner mal au ventre. Je suis en furie, je lui dit de la fermer, que j'ai des contractions, que je suis en travail actif.
On m'ammène en salle d'examen attendre le médecin. Après avoir quitté mes pantalons et mes sous-vêtements, je sens un grand crack en moi et c'est le déluge.
Il y a du liquide partout, et je sens la panique monter en moi... Mon chum appelle à l'aide, attrape une infirmière par le bras et lui dit que je dois voir le médecin MAINTENANT. Le médecin arrive, suivi de la conne du triage qui ne rit plus dutout. Je pleure, je suis inconsolable. Il m'examine, en insérant le spéculum, un autre déluge. Il me confirme que j'ai bien perdu les eaux et envoie chercher un obstétricien de la maternité.
L'obstétricienne arrive, c'est une vraie perle... Elle m'amène en salle d'échographie, m'installe, me demande si je souhaite voir ou non... C'est la première fois que je vois mon enfant et je veux voir bien sûr. Le coeur bat toujours, je n'ai plus de contractions. Mais plus une seule goutte de liquide. Je lui dit: C'est un garçon? Elle me dit: Je ne peux pas voir, il n'y a plus de liquide. Mais moi je l'ai vu, je l'aime et je l'aimerai toujours.
Elle éteint les appareils. Et nous explique la situation. Un bébé de ce stade a besoin de liquide pour se développer. Il en a besoin pour grandir. Il en a besoin pour apprendre à téter. Il en a besoin pour apprendre à respirer. C'est nécessaire, pour son coeur, son cerveau, son système nerveux. Sans liquide, il ne pourra se développer correctement. On peut tenter de le garder en moi, jusqu'à ce qu'il soit viable. Peut-être que la fissure va se colmater et qu'avec beaucoup de repos les eaux vont se réaccumuler, et que Roméo va naître en santé. Peut-être que la fissure est trop importante aussi. Peut-être que Roméo va naître en état neuro-végétatif, ou avec de graves troubles cardio-respiratoires, peut-être sera-t-il aveugle ou encore va-t-il présenter de nombreuses malformations. Et cette deuxième situation est la plus probable
Qu'il naisse en santé tiendrait du miracle. Nous choisissons de provoquer l'accouchement dès le lendemain...
Il est tard, c'est la nuit et je suis totalement sous le choc. On nous a préparé une chambre en maternité. Un petit papillon apposé sur la porte indique au personnel que nous vivons de difficiles monments. On nous a donné des somnifères. Rien à faire je ne peux pas dormir. Je passe une partie de la nuit assise sur un banc à l'extérieur. Il pleut. Encore. Il a plu tout au long du mois de Mai. Les infirmières me suveillent discrètement.
La pluie cesse et le soleil se lève. Nous sommes le 28 mai 2005. Il fait beau, une journée incroyablement belle.
On m'apporte un plateau-repas et une infirmière en profite pour venir nous parler. Elle nous demande si on veut le voir. Elle nous demande si on souhaite organiser des funérailles. Mon chum se choque et sort de la chambre. Je me remet à pleurer et lui dit qu'elle choisit bien mal son moment, elle me coupe l'appétit qui était déjà très petit. Elle se lève et sort. Quelques minutes plus tard, une autre infirmière entre. Elle me dit qu'elle va prendre soin de moi. Qu'on devra discuter de ces questions, mais que rien ne presse. De lui dire quand je me sentirai prête pour la pose des premiers comprimés.
Je ne veux pas, je veux garder mon bébé en moi, il est toujours vivant et je l'aime. J'ai tant de peine. Je vais m'asseoir dehors avec Éric, on discute avec des nouveaux parents, avec des femmes en travail. Tout le monde est très compatissant, et moi, ça me fait du bien. Je suis une vraie maman, je vais donner naissance à mon enfant aujourd'hui, ou plus probablement demain selon la gynéco.
Nous retournons à l'intérieur et j'accepte qu'on m'installe le premier comprimé. Je sais que c'est le début de la fin, il est environ 11h am. Je dois rester couchée une heure, mais je n'en ai pas envie. Le médecin en profite pour me dire que je pouvais avoir du Démérol, ainsi qu'une épidurale, que mes prescriptions sont prêtes, je n'ai qu'à demander.
Éric appelle un ami, et lui demande s'il peut faire sortir notre chienne. Daniel vient chercher les clefs, accompagné de son garçon d'1 an, Boris. Boris me dévisage, et moi j'ai le coeur en miettes.
Éric quitte quelques minutes plus tard pour aller me chercher des sous-vêtements, ma brosse à dent, des serviettes sanitaires et mon calepin de téléphone. L'infirmière profite de son absence pour venir me parler. Elle est très gentille et elle restera longuement avec moi. Lorsqu'elle sort de la chambre, je sais que je veux voir mon enfant. Ça me faisait très peur, mais elle m'a dit à quel point il serait magnifique. Mais ça je le savais déjà...
Éric revient, j'appelle ma meilleure amie, ma sage-femme, mes grands-parents. Tout le monde est terrassé par la nouvelle.
Je peux enfin me lever, alors on va profiter du soleil. Il fait tellement beau! On passe l'après-midi à l'extérieur, sauf quand je dois recevoir d'autres comprimés.
Vers 16h, mon amie arrive. On passe environ 1h ensemble. Les contractions commencent et deviennent rapidement régulières et douloureuses. Elle part alors que je reçois mon injection de Démérol.
J'ai très mal, mais le démérol me détends. On compte les contractions, je contracte aux minutes et demie et elles durent plus de 50sec. C'est vraiment le début de la fin.
Vers 19h15, je sonne l'infirmière. Je lui demande comment je saurai que j'accouche. Elle me dit que j'en ai pour plusieurs longues heures. Elle vérifie mon col et me dit qu'elle va attendre avant de me donner d'autre pitossin. 5 minutes plus tard, je demande l'épidurale. Ça me fait peur, je suis très confuse, j'ai de la difficulté à ne pas bouger. Ça se passe bien, mais je lui dit que je sens que ça coule entre mes jambes. Elle me dit que c'est le liquide désinfectant.
Je me recouche, elle veut m'insérer le nouveau comprimé. Mais je n'en aurai pas besoin, je commence à expulser Roméo.
Ça se met à bouger autour de moi, on prépare tout juste au cas. J'aurai probablement besoin d'un curetage à la suite de l'accouchement, en général, le placenta n'est pas évacué durant les accouchement à ce stade.
Mes grand-parents arrivent alors. Je demande à Éric de les mener à l'extérieur, ce n'est pas le moment. Ils sortent tous les trois. L'infirmière me dit: tu peux pousser. Je me mets à pleurer, je n croyais pas avoir besoin de pousser. Je pousse 2 fois, et Roméo nait. Il est 19h40. La résidente est soulagée, j'ai expulsé le placenta. Je veux voir mon bébé, je veux mon chum. Une infirmière va le chercher, pendant que l'autre nettoie et habille mon ange. J'entends 'c'est un garçon' Je le savais.
Éric arrive, on me donne le bébé et on nous laisse seuls en famille. Il est tellement petit, mais il est tellement beau!! Je me sens submergée d'amour, mais j'ose à peine toucher ses petites mains tant il semble fragile. On compte ses doigts, ses orteils. On admire ses petits ongles. Il est magnifique. Il ne pèse que 190grammes, mais il est un modèle de perfection.
Je le redonne à l'infirmière et je lui demande des photos. Mes grands-parents arrivent, et moi j'ai un sourire béat dans le visage, je suis encore gelée sur le démérol et émue par la vue de mon fils. Ça les rassure, ils partent rapidement, je suis tellement fatiguée.
Je dors environ 1heure, et je me réveille car j'ai envie. L'infirmière m'aide à aller aux toilettes, vérifie mes saignements, et accepte que l'on quitte si on le désire.
C'est ce que l'ont fait, accompagnés des petits habits et des photos de notre ange.
Roméo n'était déjà plus qu'un souvenir...
On a choisi de ne pas faire d'obsèques, il a été incinéré sous les soins de l'hôpital LaSalle. Et aujourd'hui il vit dans mon coeur, je l'aime tellement ce petit amour...
J'essaie depuis ce jour de retomber enceinte, mais rien ne fait...
Sujet: Roméo né à 18sa suite à une rupture prématurée des membranes 
Dim 25 Fév - 22:32
